La relation, fil invisible. Un essentiel qui ne se mesure pas.


Le petit prince avait l’habitude de dire : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». Importance de ce qui passe inaperçu mais qui compte tant.

A l’heure d’une société où le profit et l’individualisme vont grandissant, je m’interroge sur la place de l’humain, des émotions, des ressentis dans le médico-social, lieu qui, par définition, devrait mettre la relation au cœur de son dispositif.


Et pourtant, non. Les dérives que je lis sur les différents posts, liées à des managements de gestionnaires, contaminent également les institutions et établissement propres au domaine de l’aide à la personne. Les nouvelles instances ont pour missions de quantifier, évaluer, peser, la qualité, la productivité du soin. Cocher des cases, poser des étiquettes et en conclure qu’une chose sera pertinente comparée à une autre.


Mais comment mesurer un travail qui n’a pas d’étalonnage de mesure ? Je parle bien évidemment du « lien ». Ce fameux lien, subjectif et parfois irrationnel, qui permet à une personne de remonter la pente, de travailler sur elle, de comprendre et d’avancer. Combien de temps pour établir cette relation ? Construire et consolider une confiance. Les moments octroyés seront bénéficiaires pour l’un, mais complètement stériles pour un autre. Pas de placage de théories ou de modèles, juste l’adaptation continue à la personne en face de soi. Le choix d’une pratique professionnelle personnalisée qui s’acquiert sur « le tas », à force d’expériences et où l’erreur a valeur d’apprentissage et non d’échec.


Existe-t-il un nombre de séances standards pour signifier « je garantis que cette personne va mieux » ? Un feed-back positif n’est-il dû qu’a ce travail sur soi prodigué ou à l’enchevêtrement de rencontres et de contacts qui, ensemble, ont réussi le parfait cocktail ?


Toute l’essence de mon métier est invisible. Elle se situe sur un registre qui ne peut se calculer. Et le fait de vouloir à tous prix réglementer ce qui ne peut l’être ne peut avoir, dans les institutions, que des effets contre productifs et néfastes. Rentabiliser à outrance ne permet pas forcément la qualité de ce qu’on effectue. Cela génère stress, inquiétudes et questionnements sur une pratique qui jusque-là fonctionnait à la fois sans entrave mais avec respect de l’autre et qualité du service.


Comme j’ai pu le lire de nombreuses fois, n’oublions pas « l’humain » ! Avec bon sens et respect. Avec ses valeurs et ses défauts. Standardisé le lien revient à ne raisonner que par l’absurde.



Inspiré par l’article ci-dessous :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/30/halte-aux-methodes-du-neomanagement_1529444_3232.html