La perversion de la compétence ou le complexe de Super(wo)man

Quelle valorisation que de se voir proposer le remplacement du chef de service ! Vous vous sentez important(e), indispensable. On reconnaît vos compétences, vos qualités, votre sens du mangement, de l’organisation… Bon, c’est vrai ces remplacements ont souvent lieu le week-end et ne sont pas toujours comptabilisés stricto sensu sur votre fiche de paye. Et puis vous le concédez, les heures d’astreintes vous obligent à revoir à la dernière minute l’organisation de votre vie privée. Votre conjoint(e) n’est pas toujours ravi(e). Bien sûr, vous ne quittez plus votre smartphone, il ne faudrait pas qu’une opportunité vous passe sous le nez ou que vous ne soyez pas disponible pour répondre aux partenaires ou à la direction. C’est beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices et puis des tensions répétées dans votre couple mais c’est aussi beaucoup de bénéfices secondaires…. Ah oui ? Lesquels finalement ?

Croire que l’on est indispensable ou du moins assimiler la notion d’estime de soi aux tâches qu’on effectue revient au dogme selon lequel notre valeur se calcule à la somme des compétences que nous pouvons mettre en pratique. Plus je fais, plus je suis important. Plus je suis important, plus on me demande de faire car finalement que ferait-on sans moi ? La cohésion d’équipe se fragiliserait, les clients ne sauraient plus à qui s’adresser, la qualité des produits s’en ressentirait et pourquoi pas, l’entreprise pourrait déposer le bilan ? Vraiment ?

A force de vouloir tout savoir, contrôler, gérer pour être certain de ne rien louper, avez-vous encore du temps pour…vivre ?

Mettre tout son savoir-faire dans votre emploi fait craindre le vide dans la sphère privée où vous ne vous sentez pas aussi utile, où vous ne savez pas toujours vous occuper. Et puis les conséquences de vos actes n’auront jamais autant d’impact qu’au niveau professionnel. Quand vous vous arrêtez quelques instants pour profiter de votre chez vous, la fatigue vous assomme.

Mais finalement, ce n’est pas là qu’on a le plus besoin de vous. Si ? 

Mes propos sont sans doute un peu caricaturaux (quoi que ?) mais expriment assez bien l’enchaînement psychique qui peut se produire insidieusement dans l’esprit des personnes ; souvent les plus consciencieuses. Celles qui aiment le travail bien fait, qui ressentent une fierté à être reconnues pour leur implication et leur investissement. Celles aussi un peu plus fragiles sur le plan de la confiance en soi. Celles qui recherchent inconsciemment, à travers le regard de la hiérarchie, la reconnaissance parentale qu’elles attendaient enfant. On se sent à sa place, méritant, on s’assimile à un bon salarié, en qui on peut avoir confiance et qui donne confiance. En accroissant son implication, ont voit « concrètement » de quoi on est capable, on se rassure, on se sécurise et on savoure le « travail bien fait ». Mais finalement si quelqu’un d’autre s’en occupait, serait-ce vraiment « mal » fait ?

Bien sûr, une personne compétente est un bien précieux pour une entreprise. Et cette même personne peut réellement bénéficier de sa position pour renforcer son narcissisme et son bien être ; le tout est de trouver le juste équilibre.

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